lundi 6 septembre 2010

Retro Action Hero

Ce texte devrait être publié dans Zoo prochainement. Il contient cependant la chronique du jeu Penta Tentacles non parue dans Zoo pour manque de place.


RETRO ACTION HERO

Simples passe-temps les mini-jeux pullulant sur net et smartphones ? En s'élargeant aux consoles et pc, la donne change et certains conjuguent nostalgie enjouée et gameplay dépoussiéré au travers d'une esthétique consciente de ses limitations techniques.

Pur fantasme né du film Tron (1982, moto futuristes sur les tracés invisibles de réseaux informatiques) Light Trax est un jeu de course de rayons lumineux sur fond noir infini. Les contours de pistes représentés par la même épaisseur de trait privent cet univers en 3d filaire de toute sensation de densité. Sans contrainte gravitationnelle, la morphologie angulaire des circuits permet de rêver des parcours fantastiques et vides, gérés seulement par le déplacement de la lumière. Cet espace froid et coloré rend des impressions de vitesse toute relative selon que l'environnement soit complexe et bourré d'obstacles, soumis aux brusques changements de perspective, ou complètement lisse d'information.
Chaque rayon a une longueur en soi et on ne peut prendre le même tracé s'il est occupé par le "corps" d'un adversaire. Croiser sa ligne nous rejette vers une voie libre qui peut aussi être un mur, ou une zone de ralentissement. Mais approcher et longer un adversaire permet de gonfler une jauge de boost, comme en phénomène d'aspiration. Trouver sa voie, bloquer celle des autres, côtoyer ses adversaires pour accélérer sont les stratégies simples et vitales de ce jeu halluciné. La partition musicale évoquant le meilleur de l'electronica 90's (ambiances tantôt mécaniques et épaisses, tantôt cristallines), indépendante des mouvements des rayons ajoute une dimension non-metaphysique à ce Daytona en 0/1. Le mode de jeu libre "autoroute" permet de filer sur des routes serpentines avec embranchements et circulation dense de rayons. Leur promiscuité est toujours signe de potentiel d'accélération ou de collision électrique, rabaissant d'un coup la vitesse de notre rayon.
Le vertige des vitesses, des courbes et des lumières nous entraîne pour 5 min extasiées vers un horizon qui n'existe pas.


Bit.Trip Runner est un jeu mode d'emploi. Dans un décor de gros pixels colorés décrivant latéralement un paysage accidenté, une silhouette dynamique court sans arrêt. Placée à gauche de l'écran elle fonce sans que l'on puisse agir sur sa vitesse de défilement. Les seuls moyens de franchir les obstacles (crevasses, pont, mur, escaliers etc...) sont délivrés au compte-goutte. Une pédagogie austère, nous apprend d'abord le saut, puis la glissade, le coup de pied, chaque bouton de la manette étant dévoyé à un mouvement. Le vocabulaire gestuel s'enrichit donc au cours de notre progression, tout comme les possibilités d'accident sur ce décor basique.
Concentration et vigilance aigües sont indispensables pour éviter toute confusion dans cette gymnastique rythmique. Chaque mouvement étant accompagné d'un son particulier et chaque type d'obstacles nécessitant un timing précis pour le traverser, courir, ici, c’est écrire la musique selon bonus et chemins pris. C’est la danse qui fait la musique, non l'inverse. Et parce que le défilement est rapide, les pièges difficiles à déceler, que tout accident nous fait renvoie sans pause au début du niveau (la silhouette est transférée sur la ligne de départ, la musique reprend de zéro et c'est parti!) Bit.Trip Runner est un jeu dur et hypnotique, se jouant cruellement de nos réflexes, de notre croyance en la victoire et nos facultés à mémoriser le parcours.
Eprouvant, sadique mais à la portée de chacun dans la mesure où quel que soit le niveau parcouru, on aura pu progresser de quelques foulées.


La wii nous avait habitué à incarner d'inhabituels personnages (une tarentule et un scorpion dans Deadly Creatures) et avec Penta Tentacules, elle renoue avec la personnification de l'étrange. Plongé dans une sorte de plasma habité de molécules aux comportements variés, nous dirigeons sur un espace plat comme pris entre deux lames observées au microscope, un organisme qui cherche à développer ses tentacules. Selon la difficulté, cette cellule ronde est divisée en 3, 4 ou 5 point cardinaux colorés d'où naissent les tentacules. Le principe est simple: suivant le code de couleur jouant de l'exclusivité, il faut toucher une molécule de même couleur pour construire sa chaîne tentaculaire. En cas d'erreur, au contact d'une molécule de couleur non assimilable, la chaîne se casse et l'organisme perd un point de vie. En s'allongeant les tentacules prennent de la place et il faudra prend en compte l'inertie de leur déplacement flottant pour toucher les molécules aux couleurs correspondantes. Deux boutons permettent la rotation de notre organisme dans un sens ou l'autre, faisant dangereusement ou avantageusement tournoyer ses longs filaments.
Tantôt fuir une zone, tantôt s'en rapprocher et tout nettoyer pour créer une aire de repli. Un bonus permet de lancer un tourbillon absorbant toutes cellules sans distinction de couleur. Un autre permet de raccourcir un tentacule et gagner de l'espace de déplacement. D'abord hésitants et saccadés, nos mouvements deviennent plus sûrs et plus fluides. Une chorégraphie de survie anime aux sons de percussions tribales ce biotope primaire. Tournant sur soi-même et se dirigeant vers une zone tour à tour bénéfique ou dangereuse, tout pôle directif se vaut pour notre organisme polycéphale, tant reculer ou aller vers la gauche ou la droite peut signifier avancer.
Plusieurs centres nerveux cohabitant sous la même entité, je ne vois pas comment éviter pareille expérience du vertige?

Light trax, Bit.trip runner, Penta Tentacules téléchargeables sur le service "boutique wiiware" au prix de 6 à 8€.

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