lundi 29 décembre 2008
De Blob en jeu
Coloré, bondissant et funky, le diablotin De Blob surgit et renverse la dictature de la grisaille dans une gigantesque ville tremblant désormais de bonheur.
Imagine ta surprise si une boule de chiffon gorgée de peinture fraîche, se lance comme un lutin farceur en explosant de couleurs sur les murs de ton appartement étriqué, traverse la fenêtre en noyant d’orange, de bleu ou de violet l’indolente plante verte du balcon, asperge plus bas quelques bus et piétons et disparaît par les ruelles encombrées dans un panache chromatique.
De Blob est un cousin de Pac-man, qui aurait avalé le bondissant Mario et grandi aux sons de Jet Set Radio (jeu Sega dans lequel une bande à rollers glissant sur les murs, rails et réverbères défie les forces de police à coup de graffitis dans un Néo-Tokyo en plein trip futuro-funk). Lors d’une balade dans la jungle, il assiste à l’invasion de la ville par une armée chromaticide. En un éclair, le peuple est soumis à la loi binaire du noir et du blanc. Amorphe et résignée, la population est cachée et contrainte aux travaux forcés.
S’imprégnant comme une éponge des couleurs emprisonnées, De Blob surgit tel Zorro arlequin et rebondit sur les murs gris de la ville éclaboussant tout ce qu’il touche et restituant la couleur volée. Chaque élément recolorisé (arbre, voiture immeuble…) au contact du blob répond par une note, selon la couleur employée (rouge la trompette, bleu la guitare, marron pour les scratch, violet les chœurs etc…) et la longueur de l’imprégnation. On choisit dans quelle réserve de peinture ressourcer le Jackson Pollock élastique et la fête reprend ses droits, emplissant les rues de musique et foule délivrée en liesse.
Quand des quartiers entiers sont libérés ou certains défis complétés, la jauge de puissance chromatique du blob se remplit. De nouvelles zones à explorer sont alors accessibles. Agile et acrobate, s’il glisse sur un ensemble de bâtiments sans retomber au sol, la puissance chromatique augmente plus vite, zones récemment ouvertes et défis se multiplient. La ville s’allonge, les rues deviennent autoroutes, l’architecture s’ouvre et se complexifie. Un niveau peut débuter par un petit port de plaisance et après quelques sauts peinturlurés, on atteint des hauteurs insoupçonnées d’où l’on revoit la plage du début de partie.
D’un jeu sympathique et rigolo (faire rouler et sauter une boule de couleur), on passe à quelque chose de plus aérien. Wagnérien ? Non funky. A chaque début de partie, on choisit l’humeur du blob, correspondant au thème musical (reggae, jazzy, cool) rythmant la libération de la cité. Les ennemis contre attaquent, équipés d’engins à encre noire de plus en plus sophistiqués, mais grâce à De Blob, soutenu par un commando résistant, l’heure de la défaite approche.
Les six niveaux du jeu peuvent être traversés le plus rapidement possible, si l’enjeu est d’en trouver la sortie. Mais pour les compléter à 100% et remplir tous les défis, il faudra explorer méthodiquement ses niveaux, parfois des heures sans sauvegarder. Ce qui étonne dans ce jeu à l’horizon exponentiel, est sa capacité à renouveler l’envie d’explorer l’espace visible, jusqu’à en devenir maniaque. Il y a toujours un arbre caché, un panneau, un dirigeable à revitaliser d’une gerbe colorée, le toit d’un immeuble à atteindre.
Surgi presque de nulle part (issu de la scène indé PC) sans bénéficier d’une large publicité, De Blob pourrait passer pour l’un des jeux les plus heureux de cette fin d’année et donne naissance à un personnage spontanément familier.
De Blob, édité par THQ pour Nintendo Wii, de 1 à 4 joueurs, 50E.
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